4/10/2017 1 Commentaire BISMAC - SUAVE COMME L'AMOURUne voix qui se manifeste par délicatesse, une délicatesse éprise de préciosité, par rapport aux serments pris et aux vœux avoués. Et le chanteur de nous suggérer, que, l'amour aime les mots de promesse, le dialogue des sens, la passion des engagements et l'engagement pour l'avenir ensemble.
C'est en tout cas ce qui me paraît ressortir du single " Adjolomi ", où Bismac, nouveau talent béninois, déclare ses désirs de conquérir, ses envies de conserver cette poitrine devenue son cœur-sœur, et qu’il tient à détenir comme son âme amante. Et pour cela : de la technique même dans le chant. De la pondération malgré le rythme battant. Un timing impeccable pour appeler à la réécoute. Un sens prononcé de la culture urbaine. Voici les premiers ingrédients dont use Bismac. Et ce n'est pas tout ! Une écriture (quoique simpliste), qui passe de la langue première de l'artiste (le fon) à la seconde langue de son pays (le français). Et justement, l'art de mêler ces deux langues, sans complexe, et avec aisance ; permet à Bismac, de contribuer à ce que, sa déclaration d'attachement se fasse davantage, musique du cœur. C'est dire, qu'ainsi, ses paroles possèdent la capacité, de ré-enchanter spontanément l'amour, et cela, jusqu'au bout. D'ailleurs, à écouter " Adjolomi " jusqu'à la fin, on est forcé de constater, cette tendresse profuse qui boucle les dernières secondes, cette chute faite de grain de voix, capable de saisir l'être aimé par un amour immodéré, qui vient démontrer que tout est amour, qui finit bien… langoureusement… Cependant, il est à espérer que l'artiste, sache trouver, au-delà de bons gumicks, des refrains plus attachants, et plus aguichants, afin que les mélomanes, puissent se surprendre à le chanter avec entrain, et partout où ils tombent amoureux.
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Verbe tonique, timbre solennel, vision recentrée sur les acquis de la communauté Goun, Gopal Das, appartient à la nouvelle fibre du slam béninois. Il mêle ses expériences à ses mots, et joint à sa verve les crispations et frustrations qu’il rencontre au sein des siens. « Hounvi » son premier single officiel, se veut dans ce sens, un chaudron d’amertume, de constats, de dénonciation de travers de notre société actuelle et de regrets exprimés à l’égard du béninois autour de lui. « C’est en me rapprochant de moi-même et des miens que je pourrai parler aux uns et des autres », prétend-il ! Et ça il y sera parvenu. D’autant plus que, grâce à « Hounvi », le slameur sera parvenu à faire une entrée remarquable dans l’arène musicale béninoise. La bouffée de mots percutants qui a surfé à travers les subtilités phoniques et euphoniques du Goun, s'est incrustée malgré tout dans l'esprit de nombre d'entre nous, suscitant un intérêt collectif et un impact positif sur la conscience populaire. Anodin ? Non ! Parce que, depuis 2009, qu’il participe aux scènes et concours slam, ses mots lorsqu’ils les déclament, draguent, attaquent, taclent et claquent des thématiques actuelles, factuelles, ou parfois intemporelles ; mais souvent abordées avec un regard porté vers la probité humaine ou la spiritualité. « A dire les choses comme tout le monde, on finit par ne convaincre personne. Quand je dois dire, je préfère prendre du recul, et plonger dans des approches spirituelles afin de faire s’affronter le mondain et l’immatériel. C’est après cette lutte intérieure que j’ose me lancer. Ça me permet de parler autrement, de parler pour être convaincant, de parler pour être universel ». Ce propos de l’artiste se confirme aisément, à l’écoute de son deuxième single " Iya ", dans lequel, le slameur aborde la thématique de la mère génitrice, mais une fois encore, avec un supplément d’âme, prêtant même au symbolisme, et à des interprétations divinatoires : « Un homme a sept (07) mères en réalité. Donc "Iya", c’est pour exhorter l'homme, c'est-à-dire le fils, à témoigner du respect, de l'amour à ces sept (07) différentes mères-là qui sont autour de lui, qui gravitent pour le guider, et pour qui, malgré ses désirs personnels, l’homme, le fils, se doit d’avoir de la déférence et de l’écoute ». Cependant ne vous y méprenez pas. Gopal Das, c’est également un humour mordant, un plaisir de la dérision irrésistible, un ton proverbial élaboré et persuasif, une attitude scénique et une prestance apodictique. Il va en ce sens, attribuer, à son orientation artistique, l’appellation de « Sassigbé », qui se veut être le verlan (pour rester coller à ses réalités contemporaines) de « Gbéssisa » (dit ‘’ parole agissante’’ chez les Goun). Et par la pratique du « Sassigbé », Gopal Das, ne se contente pas que de véhiculer le Goun, il s’y repose énormément, surtout pour la remodeler, la réutiliser, la réinventer, l’investir dans ses spécificités fonctionnelles, génératives, linguistiques, et parfois même, comme pour rappeler toute la dimension totémique que peut questionner la provenance d’une langue africaine/béninoise.
Ainsi, Gopal Das, explore le slam tel un lieu de dévotion, de reconquête de sa culture, de perpétuation des valeurs et vertus endogènes, où l’euphorie, et le rire surviennent pour interpeller, questionner, et soulager. Il fût l'une des références grandissantes du Bénin, autour des années 2008 et plus encore, notamment, à travers ses différents parcours. Big Snow était membre de la 3ème Monarchie, groupe composé de huit Mcs (Kayno, Mc Bomo, Tony Truand, Scargame, Double F, Pompy, Fiozo et lui-même). Produit au départ par Oscar Kidjo, notamment pour leur premier projet, le titre qui les a révélés au public était " Talents d'Afrique ". Après l'aventure avec son groupe 3ème Monarchie qui avait à son actif, sept vidéos environs, plusieurs participations à diverses compilations, une mixtape " Au four et au frais " ; deux albums (Talents d'Afrique & I Love Cotonou) ; Big Snow a tenté une aventure solo. Ce qui avait plutôt bien commencé, grâce à son feat à succès avec Blaaz : " Rien à perdre ". Or Vivian Mouvi (de son vrai nom), étudiait la diplomatie et relations internationales. Il lui fallait donc pour poursuivre ses études, se retirer du milieu, et voyager pour le Brésil. Après une période silencieuse (certainement pour prendre des marques dans son nouveau pays d'accueil), il réapparaît musicalement, mais cette fois en groupe. En effet, il forme un duo avec l'artiste togolais Izy Mistura (à l'état civil Hervé Baba), rencontré là-bas, et ensemble répondent au nom de " Dois Africanos ". C'est à travers des prestations, des vidéos sur la toile et les réseaux sociaux particulièrement, qu'ils vont parvenir à créer leur fan-base, à faire découvrir leur univers symbiotique qui allie rap et chant, en alternant du mieux que chacun peut, d'un genre ou d'une rythmique à une autre. " Dois Africanos " en portugais qui signifie " Deux africains " en français, c'est : une signature sous le label : Som Livre, et des projets éponymes : notamment un premier album : Primeiro Passo, ensuite, Superstar - Dois Africanos - Trajetória, et un EP (mini-album, ndlr) Djawá. Accompagné souvent de musiciens (DJ, pianiste, guitariste, Bassiste, percussionniste) pour les grands concerts et festivals ou parfois d'un Dj uniquement pour les petits concerts dans des clubs, " Dois Africanos " parvient à surfer entre hip-hop et musique acoustique, entre influences africaines et musiques du monde ; essayant de toucher à des thèmes rappelant leur terre mais aussi leur vécu. Dans le showbiz de São Paulo, ils se créent leur chemin et demeurent engagés dans la promotion de la culture africaine, évoquant souvent l’interculturalité afro-brésilienne. Autre particularité qui leur permet de se positionner et de susciter un intérêt nouveau et regardant, c’est notamment, les atouts linguistiques qu’ils apportent, maniant tantôt l’Anglais, tantôt le Français, régulièrement le Portugais dans leurs morceaux, mais sans jamais omettre leurs langues d’origines : le Mina et le Fon, afin de demeurer authentiques où qu’ils soient. Ainsi Big Snow, après le Bénin, a bel et bien continué à croire en sa musique, et lui a donné désormais une dimension différente, usant de l’aventure brésilienne, pour se réinventer, et saisir l'ultime opportunité de faire progresser son parcours d'artiste. |
Djamile Mama GaoJournaliste Béninois & Africain Archives
Août 2021
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