Réalisé en Septembre 2019 sur une idée de la laborieuse Cornelia Glèlè, le Festival International de Film de Femmes de Cotonou (FIFF Cotonou), est devenu dès sa première édition, un évènement cinématographique de référence au Bénin. Pour peu, qu’il est parvenu à réunir plus de festivaliers que n’y sont parvenus d’autres festivals du genre cette année. Mais aussi, parce qu’il parvient à accréditer la nécessité de percevoir davantage, le cinéma africain, sous le prisme féminin. Voici donc cinq (5) raisons qui font de ce festival, l’un des plus prometteurs de notre époque ! Un jury d’une qualité imparable Le cœur du Festival se situe au niveau de la compétition de la Sélection officielle pour les prix Amazones. Partant de la symbolique nominative du prix, à sa forme esthétique, il y a un effort de contextualisation qui marque les esprits et suscite l’intérêt. Or cette année, pour départager la treizaine de films sélectionnés, le Festival s’est entouré d’un jury de professionnels dont le parcours éclectique, mais référentiel, inspire charisme, et respect. De la poigne de Christiane Chabi Kao (Présidente du Jury), au prestige d’Aïcha Macky, en passant par la finesse de Claire Diao pour aboutir sur l’acuité de Rufin Mbou Mikima ; il y a une démarche de rayonnement par la compétence qui se décèle dans le choix du jury du Festival. Ce qui est susceptible d’exacerber le ton de la concurrence positive, et de nourrir les ambitions des réalisatrices et/ou productrices du continent. Car cela leur garantit des regards, et jugements d’un certain standing. Et d’une valeur ajoutée qui pourrait pousser à se réévaluer, se jauger à sa juste mesure, ou se réorienter efficacement ; en fonction des commentaires du Jury. En ce sens, peut-être serait-il fortement utile, que le FIFF Cotonou, envisage des fiches critiques des œuvres en lice afin d’inciter à l’amélioration des talents qui arrivent à la phase finale ? Plus encore, la diversité des origines, des métiers, des nationalités, des formations, souligne l’importance des approches variées et de l’authenticité comme une valeur clé de choix du Jury du FIFF Cotonou. Ce que reflète au final, le palmarès de cette première édition :
Un évènement à vocation sociologique et à portée idéologique Articulé autour de la libéralisation et de la libération des voix et visions des femmes dans le cinéma, le FIFF Cotonou, tient aussi son succès à son positionnement auprès des préoccupations liées aux femmes. Sa première édition portant comme thème : « Quand le cinéma aborde les violences faites aux femmes », permet d’identifier sa volonté à participer à l’affranchissement de la femme actuelle. Mais plus encore, à la pousser à se dire : en réponse aux drames, en faisant face à l’adversité déloyale et pour se délivrer des silences complices, coupables, ou apeurés. L’attractivité de la compétition du FIFF Cotonou, est donc renforcée par des masters class sur mesure (avec Carole Lokossou notamment), et par des projections thématiques habilement programmées. C’est-à-dire, de façon courte pour être efficace, et avec une once de chronologie qui va par degrés d’émotions, de sensations et de problématiques. Une manière de représenter la femme nouvelle ou ancestrale comme l’entrevoient les femmes elles-mêmes. Ouvrant la possibilité de mettre dans l’imaginaire commun, des profils de femmes dont on n’a pas encore idée, qu’on ne percevait pas jusque-là, « qui se dégagent de l’humanité, qui auront des ailes et qui renouvelleront l’univers ». De quoi crever l’abcès autour d’affaires de harcèlement et agressions sexuelles, de brutalités conjugales, ou autres travers inadmissibles. Par un effet vertueux, cette démarche permet d’attirer l’attention sur des sujets d’envergure, qui attirent l’attention sur les talents qui les abordent, qui à leur tour attirent l’attention des consciences autour des conditions/positions des femmes dans nos sociétés. Donner à voir le pouvoir des femmes créatives, de sorte à les encourager à créer, à se penser, à se panser, à influencer d’autres ; renforcent autrement l’attractivité du Festival. Ainsi, on envisage aisément qu’à travers ces films de femmes, toutes celles qui s’identifient aux œuvres de nos cinéastes, décident de s’émanciper. Parce que découvrant des fictions, comme des documentaires où d’autres comme elles, s’affranchissent de leur simple statut de protagonistes pour occuper pleinement l’ensemble des films. Des dialogues, aux débats rhétoriques, de la dynamique narrative, aux rôles endossés jusqu’aux réflexions soulevées et plus encore. Surtout que, plus loin, en faisant en sorte que les femmes deviennent le point central, sous tous les aspects du métier ; le FIFF Cotonou contribue de fait à ré-envisager les paradigmes liés au développement et au positionnement des femmes dans l’industrie cinématographique au Bénin comme en Afrique. De l’attention portée aux femmes à la rencontre entre femmes du métier Ce n’est pas uniquement pour y rencontrer la reconnaissance publique et exprimer leur point de vue artistique ou critique, que le FIFF Cotonou suscite l’intérêt auprès des talentueuses qui y prennent (ont pris) part. C’est aussi par sa capacité à réunir en un lieu et par un lien presque cornélien, des professionnelles du même métier, à travers le continent. Il s’agit d’emblée, de l’occasion la plus idoine, pour faire du networking, élargir son carnet d’adresses, envisager des partenariats, tisser des relations (de tous ordres) sur le temps, imaginer des projets à développer entre femmes du métier, etc. Ce qui est profitable pour le giron féminin du cinéma béninois et africain. Si l’industrie continue d’entretenir son hérésie misogyne, ou vicieusement des cercles de discriminations, de dévalorisation et d’exclusion ; pourquoi les femmes ne se mettraient-elles pas ensemble pour faire/mettre en place/mettre en images ce qu’on ne les imagine pas justement être à même de cinématographier ? En ce sens, le FIFF Cotonou, se positionne comme étant un événement capable de contribuer à la rencontre des professionnelles femmes du secteur. On pourrait par conséquent, imaginer à partir de cette mise en contact un possible marché du film de femmes entre femmes, et à partir des femmes. De la productrice à la réalisatrice, en passant par l’actrice, la scénariste, la diffuseuse, la distributrice jusqu’à la critique. Un marché du film de femmes entre femmes, et à partir des femmes où s’achètent et se vendent des films terminés (ou pas), et où les professionnelles qui cherchent des partenaires de tout genre (coproduction ou distribution, etc.), le trouvent, afin les de mener à bien leurs projets. Le FIFF Cotonou deviendrait alors un moment fort de démonstration de puissance de la collaboration féminine dans les cinémas béninois et africains. La gratuité des activités et la côte de la marraine du FIFF Cotonou Voici deux atouts qui se complètent et qui ont servi de levier d’attraction pour le FIFF Cotonou. Déjà, avoir Akissi Delta comme marraine, offre (a offert) au Festival, une touche de célébrité qui permet (a permis) de lui ajouter une audience plus élargie, une notoriété ponctuelle, une montée évidente. A la fois, pour mobiliser des acteurs du milieu et créer auprès du public, une curiosité de l’attention. Ensuite, dans un contexte béninois, où les cinémas du pays et du continent, ne sont pas encore suffisamment appréciés à leurs justes valeurs (monétaires et affectives), pouvoir participer aux différentes activités du Festival gratuitement, crée une adhésion spontanée et donne envie au public. D’autant plus que le teasing effectué en avance autour du FIFF Cotonou, suscite (a suscité) désir et interrogations, en incitant à vouloir assister aux projections. Ce qui permet (a permis) au FIFF Cotonou, de surfer entre exploration artistique et accessibilité du cinéma africain ou béninois. Le personnal branding inspirant de la promotrice du FIFF Cotonou Perceptible, à la fois, par son blog « Ecran Bénin », et par ses positions assumées via les réseaux sociaux, c’est par sa prise de parole, que Cornelia Glèlè, parvient à créer autour d’elle, un branding constructif. Sous forme de plaidoyers ou pleins d’émotions, garnis de storytelling ou d’appels à l’action, drôles ou extrêmement sérieux, les publications de Cornelia Glèlè sont devenues le support privilégié de la gestion de son image. Non seulement, elles témoignent de sa passion, mais aussi de son attachement au septième art, de sa détermination inaltérable, de la qualité de son réseautage, de la sympathie manifeste qu’elle génère à travers le continent, de sa fougue entrepreneuriale, et de son sens du lobbying pour la cause collective (notamment dans le cinéma ou sous des angles sportifs aussi).
Un tout, mêlé au message d’empowerment 100% féminin qui va avec, font (ont fait) de la promotrice l’un des piliers crédibles, dignes d’intérêt, de communication et de visibilité du FIFF Cotonou.
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Djamile Mama GaoJournaliste Béninois & Africain Archives
Août 2021
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