C’est à la faveur d’une cérémonie de réception d’envergure, que le Petit Musée de la Récade de Lobozounkpa a accueilli environs 28 spectres royaux provenant de collections européennes. Devant un public varié et abondant, ces patrimoines matériels et immatériels ont été officiellement rendus au Bénin, avant d’être mis en exposition permanente au Centre. Vendredi dix-sept janvier deux mil vingt, quinze heures. Alors que les lueurs chaudes du soleil, faisaient étinceler l’après-midi, une déambulation à l’accent magistral illuminait le quartier de Lobozounkpa. La somptuosité des parades dansées et la prestance du défilé à symboles renvoyaient à nos royautés historiques. Autant en ce qui concerne l’accoutrement, l’accompagnement sonore comme sécuritaire, l’esprit de festivité, que le sens de l’allégeance. Et c’est l’artiste Prince Toffa, qui a travaillé à cette réadaptation contemporaine de circonstance, aux côtés des danseuses Rachelle Agbossou et Lucrèce Atchadé. Ce qui a fait convenablement écho à la raison de la cérémonie pour laquelle cette performance a été réalisée. En effet, cet après-midi-là, dignitaires, notables, artistes, acteurs culturels, citoyens, personnalités municipales, autorités administratives, personnages politiques ; se sont rassemblés pour participer à ce moment emblématique : le retour des récades, sabres et autres objets sacrés issus de l’ère culturel Fon. Plus précisément : 18 récades, 08 sabres et 02 objets ayant appartenus entre autres aux Rois Gangnihessou, Akaba, Guézo et Glèlè, etc. Ce qui suggère qu’en dehors de l’aspect matériel, une dimension spirituelle et incorporelle est greffée à ce retour. Pour peu que chacune de ces pièces est assermentée d’une historicité, d’une charge évocatoire, et d’une densité immanente. À juste titre, Dominique Zinkpè n’hésitera pas à l’évoquer en précisant qu’il s’agit également du « retour des Rois » auxquels ces biens précieux ont appartenus. Le Directeur de Cabinet du Ministre du Tourisme, de la Culture et des Arts, Eric Totah, va l’appuyer en insistant sur le fait que « ces pièces qui représentent l’autorité royale, racontent à la postérité l’histoire des rois du Danxomè ». C’est dire que ces patrimoines, provenant de deux anciennes collections européennes, acquises lors d'une vente aux enchères à Nantes par le Collectif d'antiquaires de Saint-Germain-des-Prés et des collectionneurs privés ; ne viennent pas uniquement enrichir la collection de trente-sept (37) récades qui trônaient dans le Petit Musée de Lobozounkpa. Ils viennent surtout nous mettre face à notre légitimité de renouer avec notre histoire, avec nos œuvres créatives ancestrales, qui représentaient un réel vecteur de grandeur, et un puissant emblème de notre puissance en tant que royaume du Danxomè. En cela, le retour de ces récades (spectres royaux), est l’expression d’un affranchissement et d’une avancée pragmatique. Au-delà de tout débat pompeux, de toute fuite de responsabilités flegmatique, de toute récupération intéressée, de toute politisation inopportune. Ainsi, tel que le martèle Robert Vallois qui a impulsé et contribué à l’effectivité de cette restitution : « ne faisons pas de discours ; agissons ! » A préciser justement, que le galeriste parisien, avait déjà pris l'initiative de restituer des œuvres d'art au Bénin, avant que le gouvernement béninois n’en fasse la demande à la France.
Comme quoi, agir c’est racheter, fournir, authentifier, réhabiliter, restituer, conserver, présenter à tous-tes. Afin d'instruire les générations à venir de ce qui avait existé, et de ce qui mérite d'être entretenu pour la pérennité de notre mémoire collective. Comme ose déjà le faire, le Centre grâce à ses investisseurs, et à travers ce genre d'initiative. En définitive, cette action dont la symbolique est indéniablement mémorable, renforce la volonté de cet espace culturel, de contribuer à réinvestir d’un point de vue patrimonial l’histoire du Bénin, pour réinstaurer ses fondements, ses valeurs intrinsèques.
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Djamile Mama GaoJournaliste Béninois & Africain Archives
Août 2021
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